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ссылка на сообщение  Отправлено: 12.07.06 13:00. Заголовок: Отрывки из "Анжелики"


Вот выпускается новая версия "Анжелики", и хочется надеяться, что она в скором времени дойдет и до нас, но пока этого не произошло, интерес представляют даже маленькие отрывки, которые могут появиться в сети. Давайте их размещать здесь.

Переводы отрывков из "Анжелики и короля" (старая версия романа), которые выкладывались в этой теме:
Главы 3-4 click here
Глава 8 click here
Главы 9-10 click here
Главы 15-16 click here
Глава 20 click here

Перевод отрывка из книги "Анжелика. Тулузская свадьба" (новая версия романа):
Глава 1 click here


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ссылка на сообщение  Отправлено: 12.07.06 13:02. Заголовок: отрывок из "Тулузской свадьбы"


Вот пока что первый отрывок с сайта click here.
Может кто возьмет на себя смелость перевести?

Mariage Toulousain
Tome Deux

Chapitre 1
1656

LE CARROSSE, où elle se trouvait assise entre la servante Margot et le marquis d’Andijos, était garni de coussins et de housses d’une somptueuse étoffe, mais Angélique était dans l’incapacité d’apprécier ce confort nouveau pour elle. En fait elle n’avait pas fermé l’œil de la nuit. Longtemps après la scène de la grange, elle était restée assise à sa place, au banquet, continuant de répondre aux invités qui pouvaient encore se déplacer et venaient lui faire compliment pour la réussite de la fête ou prendre congé d’elle. Quand elle avait pu se retirer enfin au château ce n’avait été que pour changer de vêtements et sans avoir licence de s’étendre sur un lit et prendre un peu de repos. L’heure du départ approchait.

C’était la coutume que les mariés s’enfuissent pour éviter les charivaris populaires et les gentilshommes du Sud avaient courageusement émergé de leur sommeil d’ivresse afin d’enfourcher leurs montures et battre le rappel de leurs gens pour former la caravane de retour.

C’est donc toujours comme étourdie de cet incident scandaleux qu’elle avait provoqué avec Nicolas qu’Angélique était montée dans le carrosse et avait fait ses adieux à ceux de sa famille qui s’étaient présentés dans l’ombre, aux portières.

Le carrosse avait titubé et grincé en franchissant le pont-levis, enlevé par quatre solides chevaux, et pris de la vitesse dans la brume ouatée traînant sur la campagne obscure.

Angélique savait qu’elle quittait Monteloup pour toujours, mais elle était incapable de rassembler deux pensées sur cela. Par moment, un souvenir faisait monter un feu brûlant à ses joues. Par la faute de cette vieille folle de tante Jeanne, Guillaume Lützen l’avait vue, elle, Angélique, culbutée dans le foin avec un valet. Cette vision éveillait à la fois sa honte et sa colère.

De plus, elle éprouvait un sentiment presque douloureux de frustration et surtout d’échec. Ce qu’elle avait voulu obtenir en se soumettant à ce désir sauvage n’avait pas eu lieu. C’est vierge qu’elle serait livrée à l’horrible époux qui lui était imposé. Sa rancune envers la tante Jeanne ne la quittait pas.

«La vieille folle, méchante! Elle avait bien calculé son coup!»

Quand le jour se leva, Angélique prit mieux conscience de l’événement qu’elle vivait.

Elle partait. Elle partait! Elle quittait Monteloup pour toujours.

Mais c’était encore le pays. Quatre carrosses et deux lourdes voitures roulaient en direction de Niort. Angélique avait peine à croire que ce déploiement de chevaux et de postillons, de cris et de grincements d’essieux, avait lieu en son honneur. Tant de poussière remuée pour Mlle de Sancé qui n’avait jamais connu d’autre escorte qu’un vieux mercenaire armé d’une pique, était inimaginable.

Les domestiques, laquais, valets, servantes et musiciens s’entassaient dans les grosses voitures avec les bagages. Au soleil du chemin, parmi les vergers fleuris, on voyait passer ce cortège de faces brunes. Rires, chansons et grattement de guitares laissaient derrière eux, dans l’odeur du crottin, un goût d’insouciance. Les enfants du Sud retournaient vers leur Midi brasillant, parfumé d’ail et de vin.

Seul dans la joyeuse société, maître Clément Tonnel affectait un air gourmé. Engagé comme extra pour la semaine des noces, il avait demandé qu’on voulût bien le ramener à Niort, ce qui évitait de lui payer une escorte. Mais dès le soir de cette première étape, le maître d’hôtel vint trouver Angélique. Il s’offrait de demeurer à son service, soit comme maître d’hôtel, soit comme valet de chambre. Il expliqua qu’il avait servi à Paris chez quelques seigneurs, dont il donna les noms. Cependant, étant venu à Niort, dont il était originaire, pour régler la succession de son boucher de père, il avait vu sa dernière place occupée par un valet intrigant. Depuis, il recherchait une maison honnête et de quelque rang, pour y exercer de nouveau ses fonctions. D’apparence discrète et entendue, Clément avait conquis les bonnes grâces de la servante Marguerite. Celle-ci affirma qu’un nouveau valet, aussi bien stylé, serait accueilli de fort grand cœur au palais de Toulouse. M. le comte s’entourait de gens trop divers et de toutes couleurs, ne faisant pas un service convenable. Chacun baguenaudait au soleil, et le plus paresseux de tous était certainement l’intendant chargé de les diriger, Alfonso.

Angélique engagea donc maître Clément. Il l’intimidait sans qu’elle sût pourquoi, mais elle lui savait gré de parler comme tout le monde, c’est-à-dire sans cet insupportable accent qui commençait à l’exaspérer. Finalement ce serait cet homme froid, souple, presque trop servile dans son respect et ses attentions, ce domestique inconnu hier encore, qui représenterait pour elle dans son exil lointain, sa province.


--------------------------------------------------------------------------------

À Niort où l’on s’ébroua pour deux jours afin de rassembler toutes commodités nécessaires pour un long voyage, Angélique assista à un nouveau chargement de barriques de vins choisis, extraits du fameux entrepôt loué sur les quais mêmes de la Sèvre-Niortaise. Elles furent hissées sur un chariot, hâlées par un attelage de deux forts chevaux du pays, de cette race gris pommelé dite le Poitevin dont Molines lui avait jadis vanté les mérites.

Elle les vit prendre d’un trot lourd et bien scandé la route qu’elle avait suivie la veille avant d’atteindre Niort.

«Pour la consolation de votre famille», lui rappela le marquis d’Andijos plus enthousiaste que jamais.

Réalisant alors que les barriques, elles, repartaient pour Monteloup où les hôtes du château et le voisinage continueraient à rire et causer en buvant à sa santé, Angélique comprit qu’un lien se rompait à jamais avec les siens.

Avait-elle seulement embrassé son père parmi les silhouettes indécises qui s’étaient présentées au dernier moment? Et ce qui la déchirait le plus dans cette rupture, c’était qu’elle était partie fâchée avec tout le monde. Ou plutôt c’était le contraire. Par une injustice incroyable, tous étaient fâchés contre elle: Nourrice dont elle n’avait pas voulu écouter jusqu’au bout les avertissements sinistres, le vieux Lützen, plus indigné encore que l’aurait été son propre père, s’il avait appris ce scandale qui aurait risqué de jeter à bas tous ses espoirs! «Angélique, tu n’en feras jamais d’autres!»… aurait-il dit.

Et Pulchérie? Et les enfants? Les avait-elle embrassés?

Elle était seule désormais.

Margot et les servantes ne la quittaient pas, toujours à ses côtés, prévenant ses moindres désirs et chacun s’empressait de la distraire ou de la renseigner, mais elle avait perdu Monteloup.

La voyant assombrie, debout au bord du quai, regardant les plats esquifs des marais qui abordaient après avoir remonté la rivière, le marquis d’Andijos, attentif à la deviner, suggéra qu’elle aurait peut-être aimé user de la navigation pour se rendre dans les contrées méridionales ainsi qu’il lui avait expliqué qu’on en usait pour faire voyager des marchandises délicates. Et Dieu sait que de l’escorter, elle, la comtesse de Peyrac, jusqu’au lointain pays toulousain, exigeait de s’entourer de tout le confort possible!

Mais, dans le voyage de retour par mer, deux obstacles se présentaient.

Tout d’abord, au-delà des côtes saintongeaises et du bordelais, les navigateurs devaient affronter le golfe de Gascogne, réputé tempétueux. Quant au danger représenté par les pirates barbaresques d’Alger ou de la côte marocaine, si une cargaison de spiritueux, vins ou alcools, ne les attiraient guère car la religion de ces gens-là leur en interdisait la consommation, par contre, il n’en serait pas de même pour la capture d’une jeune femme dont la réputation de beauté commençait à flotter sur les ailes du vent.

Pour cette raison le comte de Peyrac avait bien recommandé de revenir par terre, si défoncées que fussent les routes d’un pays où les armées n’avaient cessé de tournoyer durant des années, si elles n’y tournoyaient pas encore. Les soubresauts de la Fronde étaient à peine calmés.

— Mais nous sommes bien armés et savons combattre, assura Andijos craignant d’avoir inquiété Angélique.

Celle-ci daigna sourire, sans trop croire à ces prétextes. En ce qui la concernait, en effet, elle eût préféré ce mode de transport. Elle eût aimé descendre «sa» rivière à travers «ses» marais et ensuite découvrant l’océan qu’elle n’avait jamais vu, monter sur un navire gonflant ses voiles. Il y avait dans cette image une impression d’évasion.

Elle ne pouvait s’empêcher de penser que quelque chose arriverait qui lui permettrait de fuir son destin.


--------------------------------------------------------------------------------

Pourtant le jour vint où elle dut reprendre place dans le carrosse, et le convoi s’ébranla, augmenté de quatre cavaliers armés de lances, recrutés pour décourager de possibles mauvaises rencontres.

Dès que Niort, la capitale des marais poitevins, eut été abandonnée avec son lourd donjon, noir comme la fonte, l’équipage de Mme de Peyrac dégringola vers les pays de lumière.

Les routes ne se révélaient pas aussi cahoteuses et poussiéreuses qu’annoncées.

Les chevaux, fréquemment changés, allaient bon train et semblaient apprécier de conduire une compagnie qui s’annonçait de loin à son de trompe et attirait saluts et acclamations au passage. Lorsqu’ils allaient plus lentement ou faisaient halte, les musiciens hissés au sommet d’un des chariots entamaient un petit concert, et les bavardages allaient aussi bon train entre la population et les représentants du cortège.

Angélique ne pouvait y échapper. Cette réalité avait un sens. Ces galopades, ces bourgs et villages traversés avaient un sens. Celui de l’amener à un mari qui s’appelait le comte de Peyrac, qui était laid et boiteux, qui fabriquait des philtres magiques!

Il lui arrivait de somnoler parfois et alors elle revoyait cette clé d’or qui ouvrait une chambre contenant les cadavres de plusieurs femmes rendues folles avant de mourir par la magie d’un démon familier. Quand elle s’éveillait, le refus du sort vers lequel on l’entraînait s’imposait de plus en plus à elle. Cela ne serait pas. Il arriverait quelque chose.

Certain jour, en fin de matinée, le convoi fit halte à un carrefour pour une fois désert, se rangea en rond et tout le monde descendit. Le paysage avait changé. On ne voyait dans toutes les directions que rangées d’échalas et ceps de vignes.

— Dommage, dit quelqu’un, que la saison ne nous permette pas de goûter quelques belles grappes encore fraîches de rosée.

— Halte! s’écria Andijos. N’oublie pas que dans ce pays, la vigne est sacrée et que toute grappe dérobée se paye d’une oreille coupée.

Dans le lointain s’apercevaient les tours et les clochers d’une ville. Bordeaux!

Un laquais apporta un fauteuil pliant de tapisserie et l’installa à l’ombre d’un grand arbre qui jetait sur le carrefour étincelant de soleil, une ombre bienfaisante.

— Asseyez-vous, Madame.

Mais Angélique n’avait pas envie de s’asseoir. Elle essayait de comprendre la discussion d’Andijos et de ses amis qui entre eux n’employaient que leur langue particulière du Midi.

— Madame nous devons aller jusqu’à la ville, lui dit Andijos. Prenez patience! Il se peut que nos pourparlers avec les autorités prennent quelques heures.

Formant un groupe de cavaliers, encadrés de deux ou trois archers, ils s’éloignèrent.

Angélique allait et venait, soulagée de cette occasion de se dégourdir les jambes, de réfléchir, et presque, de penser à autre chose. Si l’idée l’effleura qu’elle pourrait sauter sur un cheval et s’enfuir, elle l’écarta. La compagnie était nombreuse. Tous, serviteurs, postillons, militaires lui témoignaient une attention déférente, mais la plupart disposaient de montures et ne seraient pas longs à la rattraper. Elle éprouva aussi qu’aucun d’entre eux ne comprendrait sa conduite. Ils se scandaliseraient, s’effrayeraient. Ils la prendraient pour une folle. Les choses ne devaient pas se passer ainsi. Il devait y avoir une solution.

Elle allait et venait, regardant parfois vers la ville.

Bordeaux!

Des souvenirs lui revenaient en mémoire.

Dans son couvent des Ursulines parfois, au cours de l’année, l’Abbesse recevait des gentilshommes. Ceux-ci, la plupart de sa parenté, venaient lui porter des nouvelles de personnages en vue et la tenir au courant de ce qui se passait hors les murs où les moniales et leurs jeunes pensionnaires vivaient une existence protégée, loin des fracas du monde et des batailles.

À la suite de ces visites, l’Abbesse réunissait les aînées. Elle estimait que ces jeunes filles destinées à épouser – et que Dieu le leur accorde – de grands noms de France devaient être au courant des évènements auxquels leurs futurs époux se trouvaient, sans nul doute, mêlés. Et plus le nom était grand et plus le fracas des armes, mais aussi celui des intrigues politiques et des trahisons impardonnables risquaient de se profiler en toile de fond à des noces que l’on rêvait toujours sans obstacles, financièrement rassurantes et – pourquoi pas? – célébrées en présence du Roi. Il fallait rendre à l’Abbesse cette justice qu’elle n’approuvait pas les désordres de la Fronde.

Le Roi était l’oint du Seigneur. Et plus qu’aucun autre, cet enfant couronné, Louis XIV, si attendu de ses peuples qu’il avait été appelé Dieudonné.

Pour l’Abbesse, tous ceux, princes, parlementaires ou populace qui avaient voulu lui disputer son trône, méritaient l’Enfer.

Mais il fallait envisager que de toutes ces guerres et massacres émergeraient pour ces jeunes filles nobles, des époux dont certains auraient moissonné leurs lauriers dans le camp adverse, apportant pour leur vie future des éléments de disgrâce. Mieux valait être avertie. Tout n’était pas encore résolu. Ainsi les pensionnaires du couvent des Ursulines avaient-elles eu connaissance du chapelet des villes révoltées, parmi lesquelles, à plusieurs reprises se trouvait Bordeaux. Longtemps anglaise, Bordeaux était une cité qui se voulait souveraine. Ses démêlés avec le pouvoir étaient nombreux, et certains dataient à peine d’une décennie.

Le petit roi de douze ans avait pleuré sous les remparts de Bordeaux où s’étaient réfugiés Condé et son frère Conti et d’où pleuvait la canonnade. Il avait dit à l’un de ses «mesnins» qui l’avait surpris essuyant ses larmes:

«Il faudra bien qu’un jour nous fassions rendre gorge à ces insolents!»

Angélique finit par s’asseoir dans le fauteuil et accepta de boire une boisson au citron, merveilleusement glacée. Ses yeux ne quittaient pas, au-delà des coteaux, la silhouette de la ville, estompée par la vibration de la lumière.

C’était aussi à Bordeaux que s’était réfugiée Anne-Geneviève de Longuevile, aimée de ses frères Condé, et qui les avait entraînés à se soulever contre le Roi, la Reine-mère et son Mazarin.

Angélique sourit à ce souvenir aimable: la visite du marquis du Plessis-Bellière et ses récits extravagants. Il avait parlé de l’égérie de la Fronde, aux yeux turquoise, la duchesse de Longueville, celle qui s’était fait acclamer par le peuple parisien, présentant sur le perron de l’Hôtel de Ville le bébé qui venait d’y naître, dont les échevins de la capitale étaient les parrains et ce pourquoi il avait le nom de Charles-Paris.

Plus tard réfugiée à Bordeaux elle aussi, entourée des membres du Parlement rebelle qu’elle devait charmer, la princesse avait demandé qu’on lui envoyât la huitième partie du roman «Polexandre» dont elle avait appris la parution à Paris en dépit des convulsions de la guerre civile.

Il ne serait pas mauvais d’être un temps prisonnière des Bordelais.

Les heures passaient, l’attente s’éternisait. Le soleil déclinait.

Un nuage de poussière annonça le retour des cavaliers. Angélique se redressa, prête à saluer les échevins maîtres de Bordeaux, ville libre.

Mais ce n’était qu’Andijos et ses compagnons. Ils mirent pied à terre en se donnant des bourrades joyeuses. « Nous avons réussi ». Peu après deux chariots bâchés tirés par des mules firent leur apparition. Il y eut transport de barriques et de tonnelets d’une eau-de-vie réputée, d’Armagnac, qu’ils avaient obtenu à titre de cadeau puisqu’il s’agissait du mariage du comte de Peyrac.

Décidément, ces gens n’étaient pas sérieux!...

Angélique éprouvait une amère déception. Elle s’apercevait que durant les heures d’attente, elle avait entretenu l’espoir de se faire capturer par les Bordelais. Ce qui aurait tout arrangé… Au moins, pendant un certain temps!... Personne ne pourrait lui reprocher de n’avoir pas tenu la promesse qu’elle avait faite à l’intendant Molines, pour sauver sa famille, d’épouser ce comte de Peyrac.

Maintenant il semblait que rien ne pourrait arrêter la suite de ce voyage qui l’entraînait irrésistiblement vers ce personnage effrayant et la livrerait à son pouvoir.

La halte qu’ils firent à la nuitée dans un petit château où on ne les attendait pas mais où ils furent reçus avec empressement ne la réconforta pas, bien qu’elle s’efforçât de faire bonne figure aux hôtes qui les accueillaient de leur mieux. Au cours du souper, ses compagnons racontèrent avec force détails les péripéties des démarches accomplies pour arracher aux Bordelais ces trésors viticoles de six belles barriques de vin et de deux tonnelets d’eau-de-vie du pays d’Armagnac, ce qui expliquait pourquoi ils s’étaient présentés à cette heure tardive, ne pouvant gagner l’étape prévue, et Madame de Peyrac étant lasse.

Mais le baron de la Braide et sa femme, des hobereaux paisibles, et apparemment peu gâtés par les distractions mondaines, se félicitaient de leur venue. C’était un couple encore jeune avec, sans doute, quelques enfants déjà endormis dans de grands lits aux étages.

On parla vigne et vins, on dégusta des plats en sauce parfumés d’herbes diverses : sarriette, thym, basilic accompagnant lièvres et gibier d’eau.

Tout en se montrant fort courtois et en participant à la gaîté générale, les châtelains manifestaient à l’égard d’Angélique un peu de timidité et elle se persuada qu’ils la regardaient, de temps à autre, avec perplexité et peut-être avec pitié. Le marquis d’Andijos, percevant leur attitude, lui glissa en aparté, alors qu’il lui baisait la main au seuil de la chambre qu’on lui avait préparée:

— L’annonce du mariage du comte de Peyrac a déjà remué toute la province… Songez donc! Monsieur et Madame de la Braide seront les premiers à vous avoir vue! Votre beauté les a éblouis!... Et maintenant ils comprennent. Car personne n’attendait cela d’un tel personnage… Le mariage!... LUI! Chacun a pu s’interroger sur les raisons qui le poussaient à ce geste fatal. Mais désormais tout est clair! Votre beauté.

Angélique avait envie de lui expliquer, de lui parler de la mine d’Argentières et que sa beauté n’avait rien à voir là-dedans. Mais déjà à l’en croire, une province s’enchantait d’une histoire où elle jouait un rôle de légende.

Elle ne pouvait plus s’échapper.

Maintenant elle avait bien l’impression presque d’un enlèvement, d’un arrachement, un entraînement inéluctable contre quoi sa volonté ne pouvait plus rien. Elle se sentait faible, lâche, dominée.

ll y avait quelque chose de changé.

Elle remarqua, durant les haltes, que les populations ne parlaient plus le français.

— C’est que nous avons franchi la frontière, lui dit le marquis d’Andijos de la façon la plus naturelle du monde.

Angélique le considéra avec inquiétude.

Une frontière?! L’emmenait-t-on en Espagne? Molines ne lui avait pas parlé de cela. Voyant son expression, Andijos la rassura.

— Ne craignez rien! Nous sommes toujours au Royaume de France! Mais ce n’est pas la même France.

— Que voulez-vous dire?

Le pays sur lequel régnait le roi Louis XIV était-il coupé en deux?

Andijos en convint. Oui! Il y avait une frontière! Oui, le pays était coupé en deux! Et cela depuis les premiers siècles de l’ère chrétienne.

Angélique demanda en quels points du royaume se situait-elle. C’était très compliqué, protesta le marquis. Mais Angélique insista et lui expliqua que, durant ses études chez les Ursulines, elle s’était fait remarquer par son goût pour la science géographique. Son refus de la renseigner venait-il qu’en fait il ne savait rien du tracé de cette frontière? Piqué au vif, le marquis s’exécuta avec beaucoup de gestes du bras qui montait et descendait.

Si l’on partait d’un point de la côte océane, un peu au-dessous de la Rochelle, il fallait plonger vers le Limousin, puis après avoir élaboré de compliqués détours à travers l’Auvergne volcanique et centre du royaume de France, traverser vers l’Est un coin de Bourgogne, aboutir à des régions encore mal conquises telles que celles des étangs et marécages des Dombes, de la Bresse et se trouver aux abords de l’Helvétie, pays des Suisses… Mais que séparait-elle ladite frontière qui coupait la France en deux, semblant s’être établie spontanément en des temps fort anciens d’après lui? demanda Angélique.

Le marquis reprit haleine et se lança à nouveau. Elle marquait la séparation de deux langues. Langue d’oïl pour le Nord. Langue d’oc pour le Sud. Mais elle marquait aussi une séparation entre les droits coutumiers qui régissaient les deux côtés de cette frontière invisible si alambiquée et tortueuse fut-elle. Le droit civil, issu du droit romain établi par l’Empire, pour les provinces du Sud. Le droit oral, au Nord, imposé par les invasions barbares.

— Comme vous pouvez vous en douter, Madame, conclut le marquis en riant largement, tout procès entre ces deux juridictions du royaume entraîne une guerre. Au mieux, des procédures qui durent des années et qu’on se transmet par héritage.

Il paraissait trouver cela très drôle.

Les Français, de part et d’autre, devaient se passionner à défendre leurs droits coutumiers respectifs. Il raconta quelques bonnes histoires de procès qui avaient duré des générations.

Angélique retenait surtout ce fait inquiétant: il y avait une frontière.

Et sa famille était de l’autre côté. La séparation s’accentuait.

Le paysage changeait.

Au fur et à mesure des régions traversées, l’alignement des coteaux de vignobles alternait avec des champs plantés d’épis épais et hauts d’un vert foncé. On eût dit une armée dressée. Hachures des vignobles, hachures des champs plantés de ces bâtons verts bien rangés. Le soleil y jetait des éclats miroitant comme à travers des grilles. Cela faisait mal aux yeux sous la draperie d’un ciel bleu cru.

— C’est du maïs, lui dit Andijos percevant son étonnement devant ces cultures inconnues.

Du blé d’Inde?! Comme au Nouveau Monde?

— Ici nous l’appelons gros millet ou millet d’Espagne.

Toujours en verve pour vanter l’excellence de sa province, il lui apprit que, depuis plus d’un demi-siècle, le maïs était cultivé de Bayonne à Toulouse, venu d’Espagne où les Rois Très Catholiques l’avaient reçu de leurs condottieres d’Amérique avec la pomme d’or, qu’on nomme aussi tomate depuis quelques temps et quelques autres nouveautés.

— Cette céréale est le plus beau présent du Nouveau Monde à l’Ancien. Les populations de l’Aquitaine et du Languedoc en ont fait leur ordinaire, ce qui a permis le salut dans les crises de subsistance. Et surtout le manant peut vendre plus avantageusement ses autres céréales, blé, orge, ce qui l’a rendu plus riche.

Curieusement, ces révélations d’économie rurale causèrent à Angélique une impression de distance accentuée. Ainsi, sans avoir à traverser l’océan, après avoir laissé derrière la barrière refermée de sa forêt poitevine, elle avait traversé assez de limites pour se trouver en familiarité avec le Nouveau Monde et goûter à ses fruits.

Alors que «là-haut» on en était encore à ouvrir de grands yeux aux récits d’un pasteur parlant du «blé d’Indes» ici la relation avec les continents lointains, les Amériques, s’était faite depuis longtemps.

L’esprit du Nouveau Monde ajoutait à la séduction de ces contrées. Plus de clarté! Plus de richesses!... Le Sud!...

Cela accentua pour Angélique son impression de s’aventurer de jour en jour au sein d’une nation étrangère. Il n’y avait pas seulement que la « langue ». Tout était étranger! Tous étaient différents! Et elle, elle avait quitté son pays.

Et pourtant, ne se présentaient pas que ces paysages hachurés de lumière: vignes, maïs… Il y eut aussi des vallées verdoyantes, pleines d’arbres fruitiers, gardées par des montagnes peu élevées moutonnant à l’infini pour se fondre dans des brumes lointaines où, une fois franchis leurs sommets arrondis, on basculait à nouveau dans une plaine ivre de soleil, où les équipages s’élançaient au galop dans un nuage de poussière pour se heurter à la brusque barrière des contreforts des altières Pyrénées.

Soudain les carrosses peinaient par des sentiers abrupts, aussi garnis de galets ronds que les rivières, les «gaves» torrentielles qui descendaient de droite à gauche parmi les pins, les hêtres, les chênes et les châtaigniers.

Angélique secouée et préférant souvent mettre pied à terre, se demandait où était Toulouse.

— Par là! répo ...

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... ndait Andijos avec un geste vers l’Est. De l’autre côté de la frontière.

— Encore une frontière?!

Il rit et dit que cette fois il parlait de celle encore plus subtile et invisible des climats où cessait la douce et humide influence atlantique, venue des côtes du golfe de Gascogne à l’Ouest pour aller à la rencontre de ce souffle sec et parfois brûlant venu de l’antique mer des peuples, Nostra Mare, Nostra Madre, notre mer, notre mère, la bleue Méditerranée, ouverte sur un autre golfe, le golfe du Lion et toutes les légendes premières de l’Humanité.

— Toulouse est au milieu et gouverne tous les vents. Sachez, Madame, qu’il y a quatre siècles, Toulouse était la troisième ville d’Europe après Rome et Venise …

Heureux de discourir puisqu’elle l’en priait, le marquis d’Andijos cachait sa surprise en découvrant que cette très jeune et jolie femme paraissait s’intéresser à autre chose qu’à sa propre personne comme toute coquette s’y trouve entraînée par nature.

Il est vrai qu’Angélique, malgré elle, se laissait distraire par tant de nouveautés puis l’angoisse la reprenait sans qu’elle en perçût continuellement la cause.

Aux abords du Béarn, les voyageurs furent reçus dans le château de Monsieur Antonin de Caumont, marquis de Péguilin, comte de Lauzun. Angélique regarda avec un étonnement mêlé d’amusement le jeune homme dont la grâce et l’esprit en faisaient, affirmait Andijos, « le plus adulé garçon de la cour de France ». Le Roi lui-même, qui se voulait grave, ne pouvait résister aux plaisanteries de Péguilin qui le faisait pouffer devant ses ministres réunis. Précisément Péguilin se trouvait pour l’heure dans ses terres où il purgeait quelque insolence dépassant les bornes envers M. de Mazarin. Il n’en semblait pas plus marri et se mit à raconter mille anecdotes sur le cardinal dont personne n’ignorait qu’il était l’amant de la reine.

Angélique, mal habituée au jargon de la galanterie en usage dans les cours royales, ne comprenait pas la moitié de ce qu’il racontait et s’étonnait de le voir parler si hardiment de ces hauts personnages.

On apporta des fruits, des boissons fraîches, du vin.

Tout en parlant Péguilin ne cessait de tourner autour d’Angélique, la détaillant avec des mimiques admiratives.

Il finit par s’exclamer:

— Jolie marionnette!

Et de s’expliquer.

— Ne dit-on pas que pour le comte de Peyrac les femmes ne sont que des marionnettes dont il n’a qu’à tirer les ficelles pour les faire danser?... Qu’en pensez-vous, Madame?

Elle riposta, blessée au vif.

— On verra si le bal en vaut la peine! Et d’ailleurs j’aime danser!

Il éclata d’un rire aigu.

— Oh! Mais la marionnette a de la répartie! Voilà qui est nouveau!

Andijos à sa façon, le rappela à l’ordre en lui assenant un coup de canne énergique sur le dos.

— Assez Péguilin, ce n’est pas une raison parce que le Roi vous a pris en amitié pour vous montrer insolent envers une dame de qualité.

Péguilin se jeta aux pieds d’Angélique, lui demandant mille fois pardon.

— En vérité! En vérité, la raison de mes discours, c’est que je suis jaloux! Horrifié! Il n’est pas possible qu’un tel trésor soit réservé à un seul homme! Et quel homme! Pourquoi ne suis-je pas cet homme?

Lorsqu’on l’eut relevé, encouragé, réconforté, et qu’il eut bien fait comprendre que tous ses excès n’étaient que comédie et fanfaronnades, il redevint sérieux.

En vérité, expliqua-t-il, il avait mis en péril son office d’écuyer auprès du souverain pour parvenir à quitter ce service sans qu’il parût que ce fut de sa propre volonté, car le Roi en aurait pris ombrage. Mais rien n’aurait pu le retenir, lui Péguilin, à l’annonce d’un événement aussi grandiose et surprenant que celui du mariage du comte de Peyrac, seigneur de Toulouse, maître de multiples contrées, de s’y rendre.

— Car, Madame, nous du Sud, sachez que nous sommes un royaume de cent petits royaumes et nous avons nos rois auxquels nous devons hommage.

—Vous ne m’avez pas encore expliqué cela, Monsieur d’Andijos, fit remarquer Angélique, un peu moqueuse.

— Un Gascon trouvera toujours un autre Gascon pour aller plus loin dans les galéjades. N’écoutez pas ces propos, Madame! Ils sont très dangereux!...

Ainsi l’étape se révéla joyeuse et vive et Angélique se détendit. Pour se faire pardonner Lauzun improvisa des vers sur sa beauté qu’il déclama avec sentiment. C’était la mode à la Cour de versifier à tout propos.

— Vous viendrez à la Cour, n’est ce pas?... Madame? Promettez-le-moi. J’avertis le Roi.

Au moment du départ il s’écria.

— Ah! Mes amis, je me demande si la Voix d’Or du royaume ne va pas perdre sa note la plus haute.

C’est ainsi qu’Angélique entendit parler pour la première fois de la Voix d’Or du royaume.

— C’est le plus grand des chanteurs du Languedoc, lui expliqua-t-on. Depuis les grands troubadours du Moyen Age le Languedoc n’en a pas connu de tel. Vous l’entendrez, madame, vous ne pourrez pas ne point succomber à son charme.

Ils riaient comme des fous.

Avec application Angélique s’était efforcée de ne pas décevoir l’aimable compagnie par un visage fermé. Tous, ils étaient affables, parfois avec trivialité mais aussi avec gentillesse.

Le voyage reprit. L’air était surchauffé, les toits de tuiles, les feuilles des platanes avaient la couleur du vin blanc. L’esprit de ceux qu’on rencontrait en avait la légèreté. Mais le but se rapprochait et Angélique avait l’impression que son coeur devenait plus lourd.

La veille de l’entrée à Toulouse, on logea dans l’une des demeures du comte de Peyrac, un château de pierres claires de style Renaissance. Angélique savoura le confort d’une des salles, celle où se trouvait la piscine de mosaïque. La grande Margot s’affairait près d’elle. Elle craignait que la poussière et la chaleur de la route n’eussent assombri encore le teint de sa maîtresse dont elle désapprouvait en secret la matité chaleureuse.

Elle l’oignit d’onguents divers et lui ordonna de rester étendue sur un lit de repos tandis qu’elle la massait avec beaucoup d’énergie, puis l’épilait entièrement. Angélique n’était pas choquée de cette coutume qui, jadis, alors qu’il y avait des étuves romaines dans toutes les villes, était pratiquée même par le peuple. Maintenant, seules les jeunes filles de la société y étaient soumises. Il était fort malséant qu’une grande dame conservât sur elle le moindre duvet superflu. Cependant Angélique, alors qu’on s’empressait ainsi à lui faire un corps parfait, ne pouvait s’empêcher d’éprouver une sorte d’horreur.

«Il ne me touchera pas, se répétait-elle. Je me jetterai plutôt par la fenêtre.»

Mais rien n’arrêtait leur course folle, le tourbillon dans lequel elle était entraînée.

Le matin suivant, malade d’appréhension, elle monta une dernière fois dans le carrosse qui allait l’amener en quelques heures à Toulouse. Le marquis d’Andijos prit place à son côté. Sa moustache semblait tracée à l’encre, tant il s’était enduit de pommade parfumée.

Angélique lui saisit brusquement la main.

— Ah! Monsieur d’Andijos, j’aimerais tellement que vous soyez mon véritable époux. Pourquoi ne l’êtes-vous pas? Je vous connais déjà. Je vous aime bien.

— Madame, répondit le marquis en lui baisant galamment la main, vous m’honorez. Mais ne vous faites pas d’illusions sur le volume de ma panse. Il faut que vous sachiez que je suis plus pauvre qu’un mendiant et que, sans le comte de Peyrac, j’en serais réduis à vivre vêtu d’une simple chemise dans mon château délabré, à côté de mon pigeonnier sans pigeons. Tout ce que j’ai, je le dois au comte de Peyrac. Je vous le dis, pour que vous ne regrettiez rien. C’est lui qui possède l’or et les beaux diamants.

— Je peux me passer d’or et de diamants. Ah, vous ne comprenez pas! J’ai peur!

— Vous avez peur? répéta-t-il. Et de quoi avez-vous donc peur, mon coeur?

Elle ne répondit pas, mais s’éloigna de lui sur la banquette et appuya son front contre le carreau souillé de poussière. Elle se mordait les lèvres pour ne pas pleurer.

Perplexe et plein de bonne volonté, il crut comprendre ce qui effrayait sa pudeur.

— N’ayez pas peur, mon petit oiseau, dit-il d’un ton jovial. Toutes les femmes de tous les temps ont dû en passer par là. L’affaire ne va pas sans un petit cri, mais bientôt résonne une autre mélodie. Et le comte, votre époux, est un maître en volupté. Croyez-moi, dans le comté de Toulouse, beaucoup de beaux yeux noirs vont pleurer aujourd’hui et d’autres vont vous cingler de regards jaloux.

Mais elle ne l’écoutait plus.

Depuis quelques minutes, elle voyait le postillon retenir son attelage. Un peu en avant de la voiture, une foule de gens et de cavaliers barrait la route. Lorsque le carrosse se fut immobilisé, on entendit mieux des chants et des cris que scandait le battement rythmé des tambourins.

— Par saint Séverin, s’écria le marquis en bondissant, je crois bien que voici votre époux qui vient vers nous.

— Déjà!

Angélique se sentait pâlir. Les pages ouvraient les portières. Il lui fallut descendre dans le sable de la route, sous le soleil implacable. Le ciel était d’azur foncé. Une haleine brûlante s’élevait des champs de maïs, de chaque côté du chemin. Une farandole chatoyante s’avançait. Habillés de costumes étranges à grands losanges rouges et verts, une nuée d’enfants bondissaient, faisaient des culbutes étourdissantes et venaient trébucher dans les chevaux de cavaliers, déguisés eux-mêmes de livrées extravagantes de satin rose et de plumes blanches.

— Les princes des amours! Les comédiens d’Italie! exulta le marquis en ouvrant les bras en un geste d’enthousiasme dangereux pour ses voisins. Ah! Toulouse! Toulouse!...

La foule venait de s’entrouvrir. Une grande silhouette dégingandée et brimbalante apparut, vêtue de velours pourpre et s’appuyant sur une canne d’ébène.

À mesure que ce personnage progressait en boitant on distinguait, dans l’encadrement d’une ample perruque noire, un visage aussi déplaisant à regarder que l’ensemble de sa démarche. Deux profondes cicatrices barraient sa tempe et sa joue gauche, et fermaient à demi la paupière. Les lèvres étaient fortes, entièrement rasées, ce qui n’était pas la mode et ajoutait à son aspect insolite.

«Ce n’est pas lui, pria Angélique. Mon Dieu, faites que ce ne soit pas lui!»

—Votre époux, le comte de Peyrac, Madame, disait près d’elle le marquis d’Andijos.


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ссылка на сообщение  Отправлено: 12.07.06 16:34. Заголовок: Re:


Не хотела я этого делать, ну да ладно:)

click here

На 10% я просто не поняла, поэтому в этих местах или отсебятина, или плагиат с Северовой. Бить тапками можно:) Также буду благодарна за исправления.

Спасибо Анне за попытку исправить в тексте хотя бы орфографические ошибки, стилистическим ошибкам уже вряд ли что поможет:)))))

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ссылка на сообщение  Отправлено: 12.07.06 21:50. Заголовок: Re:


PinkPanther пишет:

 цитата:
Не хотела я этого делать, ну да ладно:)



Радостно потираю руки, на перевод случайно наткнулась несколько дней назад, удивилась, что вы его в свет не выводите, в смысле сюда. :)

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ссылка на сообщение  Отправлено: 13.07.06 10:54. Заголовок: Re:


Просто классно!
молодец Pink Panter!



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ссылка на сообщение  Отправлено: 13.07.06 12:17. Заголовок: Re:


Спасибо за похвалу:)

Я несколько боюсь, что мой перевод может оттолкнуть от читателей от "новой/исправленно/самой полной/авторской версии", поэтому и не хотела его выкладывать. Все-таки с Северовой мне не тягятся. Не смотря на то, что мне глава в принципе не понравилась и французский я не знаю, даже мне видно, что на французском текст куда красивее и мелодичнее (что же сравнится с оригиналом?). И я думаю, что в исполнение профессионального переводчика перевод должен быть (просто обязан) куда лучше.

Мыши плакали, кололись... Но продолжали жрать кактус! (с) "Русское радио" Спасибо: 0 
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ссылка на сообщение  Отправлено: 13.07.06 15:36. Заголовок: Re:


PinkPanther пишет:

 цитата:
Я несколько боюсь, что мой перевод может оттолкнуть от читателей от "новой/исправленно/самой полной/авторской версии", поэтому и не хотела его выкладывать. Все-таки с Северовой мне не тягятся. Не смотря на то, что мне глава в принципе не понравилась и французский я не знаю, даже мне видно, что на французском текст куда красивее и мелодичнее (что же сравнится с оригиналом?). И я думаю, что в исполнение профессионального переводчика перевод должен быть (просто обязан) куда лучше.


Меня точно не отталкивает, а кто знает насколько насколько повезет с новым переводчиком.
мне глава понравилась, реально чуствуешь ее перемещение по Франции, а тораньше был вариант курьерского поезда, путушествие и должно быть немножко тягучим

а продолжние будет?

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ссылка на сообщение  Отправлено: 13.07.06 15:42. Заголовок: Re:


PinkPanther, вы молодец. Перевод даже лучше, чем у всяких Пивень и.т.д. Объясните мне, в сети появились только отрывки или вся книга?

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Зарегистрирован: 17.05.05
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ссылка на сообщение  Отправлено: 13.07.06 15:47. Заголовок: Re:


PinkPanther пишет:

 цитата:
Я несколько боюсь, что мой перевод может оттолкнуть от читателей от "новой/исправленно/самой полной/авторской версии", поэтому и не хотела его выкладывать.



Я с удовольствием прочитала, глаз мне ничего не резало! Я вообще не оценивала литературные достоинства перевода отрывка, это к профессиональным переводчикам. Меня больше волновали новые моменты в тексте. И кроме того всегда интересно почитать как описаны одни и те же события в разных переводах.

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Откуда: Беларусь, Минск
ссылка на сообщение  Отправлено: 13.07.06 15:48. Заголовок: Re:


Елена пишет:

 цитата:
Объясните мне, в сети появились только отрывки или вся книга?


Появился только этот отрывок, его выложили на сайте http://www.editiondurefuge.com/fr/public/document/index/756/322

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Зарегистрирован: 16.05.06
ссылка на сообщение  Отправлено: 13.07.06 19:47. Заголовок: Re:


PinkPanther пишет:

 цитата:
французский я не знаю,



потрясающе! вот бы мне так не знать француского!

Спасибо огромное!

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Зарегистрирован: 21.05.05
ссылка на сообщение  Отправлено: 15.07.06 16:20. Заголовок: Re:


PinkPanther

Спасибо за перевод, Вы умница!

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Зарегистрирован: 11.08.05
ссылка на сообщение  Отправлено: 17.07.06 10:10. Заголовок: Re:


Ошеломисимо!!! Мне лично отрывок очень понравился, и перевод приятный. Pink Panther большое спасибо за проделанную работу.

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Зарегистрирован: 03.11.05
Откуда: Россия, Москва
ссылка на сообщение  Отправлено: 18.07.06 15:52. Заголовок: Re:


PinkPanther, спасибо вам большое. Заново открываю для себя роман

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Зарегистрирован: 03.08.06
ссылка на сообщение  Отправлено: 17.08.06 16:23. Заголовок: Re:


Не знаю подходящая ли тема, отрывок хоть и из Анжелики, но старой.
Ginger пишет:

 цитата:

Mila, надеюсь, целиком результат представите общественности ? :)


Уф, я почти сделала это, правда пока только одну главу, но это была самая длинная глава в моей жизни И по-моему, достаточно интересная. Медаль мне!
Раз напросились, будете рецензентом, а терь расскажите как мне представить это на суд?

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